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Tel était tout le mécanisme de la constitution : un peuple, un roi, un ministre. Mais le roi, irresponsable et par conséquent passif, était évidemment une concession à l’habitude, une fiction respectueuse de la royauté supprimée.


IV

Il n’était plus pouvoir, car pouvoir c’est vouloir. Il n’était pas fonctionnaire, car le fonctionnaire agit et répond. Le roi ne répondait pas. Il n’était qu’une majestueuse inutilité de la constitution. Les fonctions détruites, on laissait le fonctionnaire. Il n’avait qu’une seule attribution, le veto suspensif, qui consistait dans le droit de suspendre, pendant trois ans, l’exécution des décrets de l’Assemblée. Il était un obstacle légal, mais impuissant, aux volontés de la nation. On sent que l’Assemblée constituante, parfaitement convaincue de la superfluité du trône dans un gouvernement national, n’avait placé un roi au sommet de son institution que pour écarter les ambitions et pour que le royaume ne s’appelât pas république. Le seul rôle d’un tel roi était d’empêcher la vérité d’apparaître et d’éclater aux yeux d’un peuple accoutumé au sceptre. Cette fiction ou cette inconséquence coûtait au peuple trente millions par an de liste civile, une cour, des ombrages continuels, et une corruption inévitable exercée par cette cour sur les organes de la nation. Voilà le vrai vice de la constitution de 1791. Elle ne fut pas conséquente. La royauté embarrassait la consti-