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publique : enfin, on le voit aujourd’hui quitter la partie en vertu d’un décret sollicité par-dessous main par lui-même, et s’éclipser un moment en Auvergne pour reparaître sur nos frontières. Cependant il nous a rendu aussi des services, reconnaissons-les ; nous lui devons d’avoir dressé nos gardes nationales aux cérémonies civiques et religieuses, aux fatigues des évolutions du matin aux Champs-Élysées, aux serments patriotiques, aux repas de corps. Faisons-lui donc aussi nos adieux ! La Fayette, pour consommer la plus grande révolution qu’un peuple ait jamais tentée, il nous fallait un chef dont le caractère fût au niveau de l’événement, nous t’acceptâmes ; les muscles souples de ta physionomie, tes discours étudiés, tes axiomes longtemps médités, tous ces produits de l’art désavoués par la nature, parurent suspects aux patriotes clairvoyants. Les plus fermes s’attachèrent à tes pas, te démasquèrent et s’écrièrent : « Citoyens, ce héros n’est qu’un courtisan, ce sage n’est qu’un charlatan ! » En effet, grâce à tes soins, la Révolution ne peut plus faire de mal au despotisme ; tu as limé les dents du lion. Le peuple n’est plus à craindre pour ses conducteurs. Ils ont repris la verge et l’éperon, et tu pars. Que les couronnes civiques pleuvent sur ta route, quand nous restons ; mais où trouverons-nous un Brutus ? »


XXIII

Bailly, maire de Paris, se retirait à la même époque, abandonné de cette opinion dont il avait été l’idole et dont