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parti de la constitution. « Allons, dit-elle à M. Bertrand de Molleville, ministre et confident du roi, du courage ! j’espère qu’avec de la patience, de la fermeté et de la suite, tout n’est pas encore perdu. »

Le ministre de la marine, Bertrand de Molleville, écrivit, par les ordres du roi, aux commandants des ports une lettre signée par le roi. « Je suis informé, disait le roi dans cette circulaire, que les émigrations se multiplient dans le corps de la marine ; comment se peut-il que des officiers d’un corps dont la gloire me fut toujours si chère, et qui m’ont donné dans tous les temps des preuves de leur attachement, s’égarent au point de perdre de vue ce qu’ils doivent à la patrie, à moi, à eux-mêmes ? Ce parti extrême eût paru moins étonnant il y a quelque temps, quand l’anarchie était au comble et qu’on n’en apercevait pas le terme ; mais aujourd’hui que la nation veut le retour à l’ordre et la soumission aux lois, est-il possible que de généreux et fidèles marins songent à se séparer de leur roi ? Dites-leur qu’ils restent où la patrie les appelle. L’exécution exacte de la constitution est aujourd’hui le moyen le plus sûr d’apprécier ses avantages et de connaître ce qui peut manquer à sa perfection. C’est votre roi qui vous demande de rester à votre poste, comme il reste au sien. Vous auriez regardé comme un crime de résister à ses ordres, vous ne vous refuserez pas à ses prières. »

Il écrivit aux officiers généraux et aux commandants des troupes de terre : « En acceptant la constitution, j’ai promis de la maintenir au dedans et de la défendre contre les ennemis du dehors ; cet acte solennel doit bannir toute incertitude. La loi et le roi sont désormais confondus. L’ennemi de la loi devient celui du roi. Je ne puis regarder