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extrêmes sont lâches et coupables ; car, quand il s’agit d’attentat à la liberté politique, pardonner le crime c’est le partager. (On applaudit de nouveau.)

» Une pareille rigueur fera peut-être couler le sang, je le sais ! Mais, si vous ne l’employez pas, n’en coulera-t-il pas bien plus encore ? La guerre civile n’est-elle pas un plus grand désastre ? Coupez le membre gangrené pour sauver le corps. L’indulgence est un piége où l’on vous pousse. Vous vous trouverez abandonnés par la nation pour n’avoir pas osé la soutenir ni su la défendre. Vos ennemis ne vous haïront pas moins ; vos amis perdront confiance en vous. La loi c’est mon dieu ; je n’en ai pas d’autre. Le bien public, voilà mon culte ! Vous avez déjà frappé les émigrants ; encore un décret contre les prêtres perturbateurs, et vous aurez conquis dix millions de bras ! Mon décret est en deux mots : Assujettissez tout Français, prêtre ou non, au serment civique, et décidez que tout homme qui ne signera pas sera privé de tout traitement et de toute pension. En saine politique, on peut ordonner de sortir du royaume à celui qui ne signe pas le contrat social. Qu’est-il besoin de preuves contre le prêtre ! S’il y a plainte seulement contre lui de la part des citoyens avec lesquels il demeure, qu’il soit à l’instant chassé ! Quant à ceux contre lesquels le Code pénal prononcerait des peines plus sévères que l’exil, il n’y a qu’une mesure à leur appliquer : la mort ! »