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VIII

Ducos, jeune et généreux Girondin, chez qui l’enthousiasme de l’honnête l’emportait sur les tendances de son parti, demanda l’impression de ce discours. Sa voix se perdit au milieu des applaudissements et des murmures, témoignage de l’indécision et de la partialité des esprits. Fauchet répliqua à la séance suivante et démontra la connexité des troubles civils et des querelles religieuses. « Les prêtres, dit-il, sont une tyrannie dépossédée et qui tient encore dans les consciences les fils mal rompus de sa puissance. C’est une faction irritée et non désarmée ! C’est la plus dangereuse des factions. »

Gensonné parla en homme d’État et conseilla la tolérance envers les prêtres consciencieux, la répression sévère, mais légale, envers les prêtres perturbateurs. Pendant cette discussion, les courriers arrivés des départements apportaient chaque jour la nouvelle de nouveaux désordres. Partout les prêtres constitutionnels étaient insultés, chassés, massacrés au pied des autels ; les églises des campagnes, fermées par ordre de l’Assemblée nationale, étaient enfoncées à coups de hache ; les prêtres réfractaires y entraient, portés par le fanatisme du peuple. Trois villes étaient assiégées et sur le point d’être incendiées par les habitants des campagnes. La guerre civile, menaçante, semblait préluder à la contre--