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service à l’Église. Quel service rendent-ils ? Ils invoquent la ruine de nos lois. Ils suivent, disent-ils, leur conscience ! Faut-il solder des consciences qui les poussent aux derniers crimes contre la nation ? La nation les supporte ; n’est-ce pas assez ? Ils invoquent l’article de la constitution qui dit : « Les traitements des ministres du culte catholique font partie de la dette nationale. » Sont-ils ministres du culte catholique ? Est-ce que l’État reconnaît d’autre catholicisme que le sien ? S’ils veulent en pratiquer un autre, libre à eux et à leurs sectateurs ! La nation permet tous les cultes, mais elle n’en paye qu’un. Et quelle fortune pour la nation de se libérer de trente millions de rente qu’elle paye follement à ses plus implacables ennemis ! (Bravos.) Pourquoi ces phalanges de prêtres qui ont abjuré leur ministère, ces légions de chanoines et de moines, ces cohortes d’abbés, de prieurs, bénéficiers de toute espèce, qui n’étaient remarquables autrefois que par leur afféterie, leur inutilité, leurs intrigues, leur vie licencieuse ; qui ne le sont aujourd’hui que par une fureur active, par leurs complots, par leur haine infatigable contre la Révolution ? Pourquoi payerions-nous cette armée de servitude sur les fonds de la nation ? Que font-ils ? Ils prêchent l’émigration, ils exportent le numéraire, ils fomentent les conjurations du dedans et du dehors contre nous. « Allez, disent-ils aux nobles, combinez vos attaques avec l’étranger ; que tout nage dans le sang, pourvu que nous recouvrions nos priviléges ! » Voilà leur Église ! Si l’enfer en avait une sur la terre, c’est ainsi qu’elle parlerait. Qui osera dire qu’il faut la soudoyer ?… »

Torné, évêque constitutionnel de Bourges, répondit à l’abbé Fauchet comme Fénelon aurait répondu à Bossuet. Il démontra que dans la bouche de son adversaire la