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allait l’accorder aux intérêts insignifiants de quelques princes de l’Empire, possessionnés en Alsace et en Lorraine, et dont la nouvelle constitution française violait les droits personnels. Il avait refusé secours à sa sœur, il allait l’accorder à quelques vassaux. L’influence de la diète et ses devoirs comme chef de l’Empire l’entraînèrent à des démarches où sa résolution personnelle n’avait pu le porter. Par sa lettre du 3 décembre 1791, il annonça au cabinet des Tuileries la résolution formelle de sa part « de porter secours aux princes possessionnés en France, s’ils n’obtenaient pas leur réintégration entière dans tous les droits qui leur appartenaient par traité. »


XVIII

Cette lettre menaçante, communiquée secrètement à Paris, avant son envoi officiel, par l’ambassadeur de France à Vienne, fut reçue avec effroi par le roi, avec joie par quelques-uns de ses ministres et par le parti politique de l’Assemblée. La guerre tranche tout. Ils l’accueillaient comme une solution aux difficultés dont ils se sentaient écrasés. Quand il n’y a plus d’espoir dans l’ordre régulier des événements, il y en a dans l’inconnu. La guerre paraissait à ces esprits aventureux une diversion nécessaire à la fermentation universelle, une carrières à la Révolution, un moyen pour le roi de ressaisir le pouvoir en s’emparant de l’armée. Ils espéraient changer le fanatisme de la liberté