Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nobles qu’à un forum démocratique ; mais ce parlement était une enceinte sonore et ouverte, où se discutaient tout haut, en face du trône comme en face de la nation et de l’Europe, les questions les plus hardies du gouvernement. La royauté, honorée dans la forme, reléguée au fond dans l’impuissance, ne faisait que présider d’en haut à ces débats et régulariser la victoire : elle n’était qu’une sorte de consulat perpétuel de ce sénat britannique. La voix des grands orateurs, qui se disputent le maniement des affaires de la nation, retentissait de là dans toute l’Europe. La liberté prend son niveau dans le monde social, comme les fleuves dans le lit commun de l’Océan. Un seul peuple n’est pas impunément libre, un seul peuple n’est pas impunément asservi ; tout se compare et s’égalise à la fin.


X

L’Angleterre avait été intellectuellement le modèle des nations et l’envie de l’univers pensant. La nature et ses institutions lui avaient donné des hommes dignes de ses lois. Lord Chatham, tantôt à la tête de l’opposition, tantôt à la tête du gouvernement, avait agrandi l’enceinte du parlement jusqu’aux proportions de son caractère et de sa parole. Jamais la liberté mâle d’un citoyen devant un trône, jamais l’autorité légale d’un chef de gouvernement devant un peuple, n’avaient fait entendre une telle voix aux citoyens assemblés. C’était l’homme public dans toute la