Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XII

Ces magnifiques paroles ne retentirent que comme un remords dans le sein de l’Assemblée. On les entendit avec impatience et l’on se hâta de les oublier. M. de La Fayette combattit en peu de mots la proposition de M. d’André, qui remettait à trente ans la révision de la constitution. L’assemblée n’adopta ni l’avis de d’André ni celui de La Fayette. Elle se contenta d’inviter la nation à ne faire usage que dans vingt-cinq ans de son droit de modifier la constitution. « Nous voilà donc arrivés à la fin de notre longue et pénible carrière, dit Robespierre. Il ne nous reste qu’à lui donner la stabilité et la durée. Que nous parle-t-on de la subordonner à l’acceptation du roi ? Le sort de la constitution est indépendant du vœu de Louis XVI. Je ne doute pas qu’il ne l’accepte avec transport. Un empire pour patrimoine, toutes les attributions du pouvoir exécutif, quarante millions pour ses plaisirs personnels ; voilà ce que nous lui offrons ! N’attendons pas, pour le lui offrir, qu’il soit éloigné de la capitale et entouré de funestes conseils. Offrons-le-lui dans Paris. Disons-lui : « Voilà le trône le plus puissant de l’univers. Voulez-vous l’accepter ? » Ces rassemblements suspects, ce plan de dégarnir vos frontières, les menaces de vos ennemis extérieurs, les manœuvres de vos ennemis du dedans, tout cela vous avertit de presser l’établissement d’un ordre de choses qui rassure