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la voix de Barnave expire dans les applaudissements de la majorité, et l’Assemblée, électrisée, semble un instant unanime dans son sentiment monarchique.


X

Dans la séance du 5 août, l’Assemblée discuta l’article de la constitution portant que les membres de la famille royale ne pourraient exercer les droits de citoyen. Le duc d’Orléans monta à la tribune pour protester contre cet article, et déclara, au milieu des applaudissements et des murmures, que, s’il était adopté, il lui restait le droit d’opter entre le titre de citoyen français et son droit éventuel au trône. Sillery, l’ami et le confident de ce prince, prit la parole après lui, et combattit avec une habile éloquence les conclusions du comité. Ce discours, plein d’allusions transparentes à la situation du duc d’Orléans, fut le seul acte d’ambition directe tenté par le parti de ce prince. Sillery commença par répondre en face aux paroles de Barnave. « Qu’il me soit permis, dit-il, de gémir sur le déplorable abus que quelques orateurs ont fait de leur talent. Quel étrange langage ! On cherche à vous faire entendre qu’il y a ici des factieux, des anarchistes, des ennemis de l’ordre, comme si l’ordre ne pouvait exister qu’en satisfaisant l’ambition de quelques individus !… On vous propose d’accorder à tous les individus de la famille royale le titre de prince, et de les priver des droits de citoyen. Quelle inconséquence