Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stitution, c’était sanctionner la révolte. S’unir à des factieux, c’était devenir factieux soi-même. Restaurer la royauté par les mains d’un Barnave, c’était dégrader le roi jusqu’à la reconnaissance envers un factieux. Leurs espérances n’étaient pas tombées si bas qu’il ne leur restât qu’à accepter un rôle dans une comédie de révolutionnaires effrayés. Leurs espérances n’étaient pas dans quelque amélioration au mal : elles étaient dans le pire. Les excès du désordre puniraient le désordre même. Le roi était aux Tuileries, mais la royauté n’y était pas : elle était à Coblentz, elle était sur tous les trônes de l’Europe. Les monarchies étaient solidaires : elles sauraient bien restaurer la monarchie française sans le concert de ceux qui l’avaient renversée. »

Ainsi raisonnaient les membres du côté droit. Les passions et les ressentiments fermaient l’oreille aux conseils de la modération et de la sagesse, et la monarchie n’était pas poussée moins systématiquement à sa catastrophe par la main de ses amis que par celle de ses ennemis. Le plan avorta.

Pendant que le roi captif entretenait de doubles intelligences avec ses frères émigrés pour interroger l’énergie des puissances, et avec Barnave pour tenter la conquête de l’Assemblée, l’Assemblée perdait elle-même son empire ; et l’esprit de la révolution, sortant de son enceinte, où il n’avait plus rien à espérer, allait animer les clubs, les municipalités, et soufflait sur les élections. L’Assemblée avait commis la faute de déclarer ses membres non rééligibles à la prochaine législature.

Cet acte de renoncement à soi-même, qui ressemblait à l’héroïsme du désintéressement, était en réalité le sacrifice