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avec elle. Oui, tout le monde doit sentir que l’intérêt commun est que la Révolution s’arrête. Ceux qui ont perdu doivent s’apercevoir qu’il est impossible de la faire rétrograder. Ceux qui l’ont faite doivent s’apercevoir qu’elle est à son dernier terme. Les rois eux-mêmes, si quelquefois de profondes vérités peuvent pénétrer jusque dans les conseils des rois, si quelquefois les préjugés qui les entourent peuvent laisser passer jusqu’à eux les vues saines d’une politique grande et philosophique, les rois eux-mêmes doivent s’apercevoir qu’il y a loin pour eux entre l’exemple d’une grande réforme dans le gouvernement et l’exemple de l’abolition de la royauté ; que, si nous nous arrêtons ici, ils sont encore rois !… mais, quelle que soit leur conduite, que la faute vienne d’eux et non pas de nous. Régénérateurs de l’empire, suivez invariablement votre ligne ; vous avez été courageux et puissants, soyez aujourd’hui sages et modérés. C’est là que sera le terme de votre gloire. C’est alors que, vous retirant dans vos foyers, vous obtiendrez de la part de tous, sinon des bénédictions, du moins le silence de la calomnie… » Ce discours, le plus beau de Barnave, emporta le décret et refoula pendant quelques jours les tentatives de république et de déchéance dans les clubs des Cordeliers et des Jacobins. L’inviolabilité du roi fut consacrée en fait comme elle l’était en principe. M. de Bouillé, ses coaccusés et adhérents furent envoyés par-devant la haute cour nationale d’Orléans.