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qui, n’étant jamais renouvelée par la loi, présentant sans cesse des obstacles à l’ambition, résiste avec avantage aux secousses, aux rivalités, aux vibrations rapides d’une population immense, agitée par toutes les passions qu’enfante une vieille société. Ces maximes décident notre situation. Nous ne pouvons être stables que par un gouvernement fédératif, que personne jusqu’ici n’a la démence de nous proposer, ou par le gouvernement monarchique que vous avez établi, c’est-à-dire en remettant les rênes du pouvoir exécutif dans une famille par droit de succession héréditaire. Vous avez laissé au roi inviolable la fonction exclusive de nommer les agents de son pouvoir ; mais vous avez décrété la responsabilité de ces agents. Pour être indépendant, le roi doit rester inviolable ; ne nous écartons pas de cette règle ; nous n’avons cessé de la suivre pour les individus, observons-la pour le monarque. Nos principes, la constitution, la loi, déclarent qu’il n’est pas déchu ; nous avons donc à choisir entre notre attachement à la constitution et notre ressentiment contre un homme. Or, je demande aujourd’hui à celui de vous tous qui pourrait avoir conçu contre le chef du pouvoir exécutif toutes les préventions, tous les ressentiments les plus profonds, je lui demande de nous dire s’il est donc plus irrité contre le roi qu’attaché à la loi de son pays. Je pourrais dire à ceux qui s’exhalent avec une telle fureur contre l’individu qui a péché ; je leur dirais : « Vous seriez donc à ses pieds si vous étiez contents de lui ? » (Applaudissements prolongés.) Ceux qui veulent ainsi sacrifier la constitution à leurs ressentiments contre un homme me semblent trop sujets à sacrifier la liberté par enthousiasme pour un autre homme, et, puisqu’ils aiment la république, c’est bien aujourd’hui