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lieu de bonheur, il ne présenterait que la perspective d’une continuité de changements. Quelques hommes, dont je ne veux pas accuser les intentions, cherchant des exemples à nous donner, ont vu, en Amérique, un peuple occupant un grand territoire par une population rare, n’étant environné d’aucun voisin puissant, ayant pour limites des forêts, ayant pour habitudes les sentiments d’un peuple neuf et qui l’éloignent de ces passions factices qui font les révolutions des gouvernements ; ils ont vu un gouvernement républicain établi sur ce territoire, ils ont conclu de là que ce même gouvernement pourrait nous convenir. Ces hommes sont les mêmes qui contestent aujourd’hui le principe de l’inviolabilité du roi. Mais, s’il est vrai que sur notre terre une population immense est répandue ; s’il est vrai qu’il s’y trouve une multitude d’hommes exclusivement livrés à ces spéculations de l’intelligence qui portent à l’ambition et à l’amour de la gloire ; s’il est vrai qu’autour de nous des voisins puissants nous obligent à ne faire qu’une seule masse pour leur résister ; s’il est vrai que toutes ces circonstances sont fatales et ne dépendent pas de nous, il est incontestable que le remède n’en peut exister que dans le gouvernement monarchique. Quand un pays est peuplé et étendu, il n’existe, et l’art de la politique l’a prouvé, que deux moyens de lui donner une existence solide et permanente. Ou bien vous organiserez séparément ses parties, vous mettrez dans chaque section de l’empire une portion du gouvernement, et vous fixerez ainsi la stabilité aux dépens de l’unité, de la force et de tous les avantages qui résultent d’une grande et homogène association ; ou bien, si vous laissez subsister l’unité nationale, vous serez obligés de placer au centre une puissance immuable,