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l’avait fait Pétion dans la précédente séance : Le roi parjure peut-il être jugé ? « Pourquoi, dit Brissot, nous diviser en dénominations dangereuses ? Nous sommes d’accord. Que veulent ceux qui s’élèvent ici contre les républicains ? Ils détestent les démocraties tumultueuses d’Athènes et de Rome, ils craignent la division de la France en fédérations isolées. Ils ne veulent que la constitution représentative, et ils ont raison. Que veulent de leur côté ceux qu’on appelle républicains ? Ils craignent, ils redoutent également les démocraties tumultueuses d’Athènes et de Rome ; ils redoutent également les républiques fédérées. Ils ne veulent que la constitution représentative ; nous sommes donc d’accord. Le chef du pouvoir exécutif a trahi ses serments ; faut-il le juger ? Voilà seulement ce qui nous divise. L’inviolabilité ne serait que l’impunité de tous les crimes, l’encouragement à toutes les trahisons ; le bon sens veut que la peine suive le délit. Je ne vois dans un homme inviolable gouvernant un peuple qu’un dieu et 25 millions de brutes. Si le roi n’était entré en France qu’à la tête des armées étrangères, s’il avait ravagé nos plus belles contrées, si, arrêté dans sa course, vous l’aviez arrêté : qu’en auriez-vous fait ? auriez-vous invoqué son inviolabilité pour l’absoudre ?… On vous fait peur des puissances étrangères, ne les craignez pas ; l’Europe est impuissante contre un peuple qui veut être libre. »

À l’Assemblée nationale, Muguer fit, au nom des comités réunis, le rapport sur la fuite du roi ; il conclut à l’inviolabilité de Louis XVI et à l’accusation des complices. Robespierre combattit l’inviolabilité : il enleva à ses paroles la couleur de la colère, et s’efforça de couvrir ses conclusions de l’apparence de la douceur et de l’humanité : « Je