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clergé. Elle mérita le blâme des hommes politiques. Abandonnant dans leur lutte contre les Jacobins Barnave et les constitutionnels monarchiques, elle donna la victoire à Robespierre ; et, en assurant la majorité à sa proposition de non-réélection des membres de l’Assemblée nationale à l’Assemblée législative, elle amena la Convention. Les royalistes ôtèrent le poids d’une opinion tout entière de la balance, et elle pencha vers les derniers désordres en emportant la tête du roi et leur propre tête. Une grande opinion ne se désarme pas impunément pour son pays.


VI

Les Jacobins comprirent cette faute et s’en réjouirent. En voyant ces nombreux soutiens de la constitution monarchique s’effacer eux-mêmes du combat, ils pressentirent ce qu’ils pouvaient oser, et ils l’osèrent. Leurs séances devenaient d’autant plus significatives que celles de l’Assemblée nationale devenaient plus ternes et plus timides. Les mots de déchéance et de république y éclataient pour la première fois. Rétractés d’abord, ils furent relevés ensuite. Proférés au commencement comme un blasphème, ils ne tardèrent pas à être proférés comme un dogme. Les partis ne savent pas d’abord eux-mêmes tout ce qu’ils veulent : c’est le succès qui le leur apprend. Les téméraires lancent en avant des idées perdues : si elles sont repoussées, les habiles les désavouent ; si elles sont suivies, les chefs les