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donner aucun ordre ; que je crains bien qu’il ne puisse plus rien pour moi, mais que je lui demande de faire ce qu’il pourra. » M. Deslons, qui était Alsacien, et qui parlait allemand, voulut dire quelques mots dans cette langue à la reine, et prendre ses ordres sans qu’ils pussent être compris des personnes présentes à l’entrevue. « Parlez français, monsieur, lui dit la reine, on nous entend. » M. Deslons se tut, s’éloigna désespéré, mais resta avec les hussards aux portes de Varennes, attendant les forces supérieures de M. de Bouillé.


XXIV

L’aide de camp de M. de La Fayette, M. de Romeuf, expédié par ce général et porteur de l’ordre de l’Assemblée, arriva à Varennes à sept heures et demie. La reine, qui le connaissait, lui fit les reproches les plus pathétiques sur l’odieuse mission dont son général l’avait chargé. M. de Romeuf chercha en vain à calmer son irritation par toutes les marques de respect et de dévouement compatibles avec la rigueur de ses ordres. La reine, indignée, passant des reproches aux larmes, donna un libre cours à son désespoir. Le roi avait reçu des mains de M. de Romeuf l’ordre écrit de l’Assemblée et l’avait déposé sur le lit où était couché le Dauphin. La reine, dans un mouvement de colère, prit cet ordre, le jeta à terre et le foula aux pieds en disant qu’un pareil écrit souillerait le lit de son fils. « Au nom de