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croyons utile à la France. Nous l’avons réformée sans doute, mais c’est pour la sauver de ses abus et de ses excès. Nous avons laissé cinquante millions par an au légitime éclat du trône. Nous nous sommes réservé le droit de déclarer la guerre, nous n’avons pas voulu que le sang du peuple appartînt aux ministres. Français ! tous les pouvoirs sont organisés. Tout le monde est à son poste. L’Assemblée veille. Ne craignez rien que vous-mêmes, si votre juste émotion vous portait au désordre. Le peuple qui veut être libre doit être impassible dans ces grandes crises. Voyez Paris ! imitez la capitale ! Tout y suit la marche ordinaire. Les tyrans seront trompés. Pour mettre la France sous le joug, il faudrait anéantir la nation entière. Si le despotisme ose le tenter, il sera vaincu ; ou s’il triomphe, il ne triomphera que sur des ruines. » Des applaudissements unanimes et répétés suivent cette lecture.

La séance, suspendue pendant une heure, est rouverte à neuf heures et demie. Une grande agitation se manifeste dans toutes les parties de la salle. Il est arrêté ! Il est arrêté ! Ces mots se répandent sur tous les bancs, et de la salle dans les tribunes. Le président annonce qu’il vient de recevoir un paquet contenant plusieurs pièces dont il va donner lecture. Il recommande de s’abstenir de tout signe d’approbation ou d’improbation. Il ouvre le paquet et lit au milieu d’un profond silence les lettres de la municipalité de Varennes et de Sainte-Menehould apportées par M. Mangin, chirurgien à Varennes. L’Assemblée nomme trois commissaires, pris dans son sein, pour aller assurer le retour du roi à Paris. Ces trois commissaires sont : Barnave, Pétion et Latour-Maubourg. Ils partent à l’instant pour accomplir leur mission. Laissons un moment Paris aux émo-