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XXI

Ces paroles, astucieusement combinées pour jeter le levain du soupçon dans les cœurs, furent accueillies comme le testament de mort d’un martyr de la liberté. Les larmes mouillaient tous les yeux. « Nous mourrons tous avec toi ! » cria Camille Desmoulins en tendant à Robespierre ses bras ouverts comme pour l’embrasser. Cette âme légère et mobile se laissait emporter à tous les souffles de l’enthousiasme. Il passait des bras de La Fayette aux bras de Robespierre, comme une courtisane de toutes les émotions. Huit cents personnes se levèrent et offrirent, par leur attitude, leurs gestes, leur inspiration spontanée et unanime, un de ces tableaux les plus imposants de la puissance de la parole, de la passion et des circonstances sur un peuple assemblé. Après que la société eut juré individuellement de défendre la vie de Robespierre, on annonça l’arrivée des ministres et des membres de l’Assemblée qui avaient fait partie du club de 89, et qui venaient fraterniser dans le danger de la patrie avec les Jacobins.

« Monsieur le président, s’écria Danton, si les traîtres osent se présenter devant nous, je prends l’engagement solennel de porter ma tête sur un échafaud, ou de prouver que leur tête à eux doit rouler aux pieds de la nation qu’ils ont trahie. »

Les députés entrent : Danton, reconnaissant La Fayette