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pold ni du roi de Suède ; ce qui m’épouvante seulement, c’est ce qui paraît rassurer tous les autres : c’est que depuis ce matin tous nos ennemis affectent de parler le même langage que nous. Tout le monde est réuni, tous ont le même visage en apparence. Or, tous ne peuvent pas éprouver la même joie de la fuite d’un roi qui avait quarante millions de rente, qui disposait de toutes les places et qui les livrait à ses affidés et à nos ennemis. Il y a donc des traîtres parmi nous ; il y a donc des intelligences entre ce roi fugitif et ces traîtres restés à Paris. Lisez le manifeste royal, et le complot vous y sera dévoilé tout entier. Le roi, l’empereur, le roi de Suède, d’Artois, Condé, tous les fugitifs, tous les brigands vont s’avancer sur nous. Il paraîtra un manifeste paternel ; le roi nous y parlera de son amour, de la paix, même de la liberté ; en même temps les traîtres de la capitale et des départements vous peindront, de leur côté, comme les hommes de la guerre civile : on transigera ; et la Révolution sera étouffée dans ces embrassements perfides d’un despotisme hypocrite et d’un modérantisme intimidé. Voyez déjà l’Assemblée ! elle appelle aujourd’hui dans vingt décrets la fuite du roi un enlèvement. À qui confie-t-elle le salut du peuple ? À un ministre des affaires étrangères, sous la surveillance d’un comité diplomatique. Or, quel est ce ministre ? Un traître que je n’ai cessé de vous dénoncer, le persécuteur des soldats patriotes, le soutien des officiers aristocrates. Qu’est-ce que le comité ? Un comité de traîtres, composé de tous nos ennemis masqués en patriotes. Et le ministre des affaires étrangères, qui est-il ? Un traître, un Montmorin, qui, il n’y a qu’un mois, vous déclarait une adoration perfide de la constitution. Et ce Delessart, qui est-il ? Un traître à qui Necker a laissé son