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mois de juillet 1789, je n’ai pas craint de me confier aux Parisiens. Aux 5 et 6 octobre, bien qu’outragé dans mon palais et témoin de l’impunité de tous les crimes, je n’ai pas voulu quitter la France, dans la crainte d’exciter la guerre civile. Je suis venu m’établir aux Tuileries, privé des plus simples commodités de la vie. On m’a arraché mes gardes du corps. Plusieurs même de ces gentilshommes fidèles ont été massacrés sous mes yeux. On a souillé d’infâmes calomnies l’épouse fidèle et dévouée qui partage mon amour pour le peuple et qui a pris généreusement sa part de tous les sacrifices que je lui ai faits : convocation des états généraux, double représentation accordée au tiers état, réunion des ordres, sacrifice du 20 juin, j’ai tout fait pour la nation ; tous ces sacrifices ont été perdus, méconnus, tournés contre moi. On m’a retenu prisonnier dans mon propre palais, on m’a imposé des geôliers au lieu de gardes, on m’a rendu responsable d’un gouvernement qu’on a arraché de mes mains. Chargé de maintenir la dignité de la France vis-à-vis des puissances étrangères, on m’a ôté le droit de faire la paix ou la guerre. Votre constitution est une contradiction perpétuelle entre les titres qu’elle me confère et les fonctions qu’elle me refuse. Je ne suis que chef responsable de l’anarchie, et la puissance séditieuse des clubs vous arrache à vous-mêmes le pouvoir que vous m’avez arraché. Français, est-ce là ce que vous attendiez de votre régénération ? Votre amour pour votre roi était compté autrefois au nombre de vos vertus. Cet amour s’est changé en haine, et ces hommages en insultes. Depuis M. Necker jusqu’au dernier des factieux, tout le monde a été roi, excepté le roi lui-même. On a menacé d’enlever au roi jusqu’à ce vain titre et d’enfermer la reine dans un couvent. Dans les nuits