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et imposent silence aux vociférations menaçantes de Camus. M. de La Fayette obtient la parole à la barre. Il prononce quelques mots habituels sur la liberté et le peuple, et propose à l’Assemblée d’entendre M. de Gouvion, son second, à qui la garde des Tuileries était confiée. « Je réponds de cet officier, dit-il, et je prends sur moi la responsabilité. » M. de Gouvion est entendu. Il affirme que les issues du palais ont été strictement surveillées, et que le roi n’a pu s’évader par aucune porte. M. Bailly, maire de Paris, confirme ces paroles. L’intendant de la liste civile, M. de Laporte, vient à la barre présenter le manifeste laissé par le roi à son peuple. « Comment l’avez-vous reçu ? lui dit-on. — Le roi, répond M. de Laporte, l’avait laissé cacheté avec un billet pour moi. — Lisez le billet, lui dit un membre. — Non, non, s’écrie l’Assemblée d’un mouvement unanime ; c’est un billet confidentiel, nous n’avons pas le droit de le lire. » On refuse également de décacheter une lettre à la reine trouvée sur la table de cette princesse. Le caractère généreux de la nation domine encore l’irritation du moment.

On lit le manifeste du roi au milieu des rires et des murmures.

« Français, dit le roi dans cette adresse à son peuple, tant que j’ai espéré voir renaître l’ordre et le bonheur public par les mesures concertées entre moi et l’Assemblée, rien ne m’a coûté. Calomnies, insultes, outrages, privation même de ma liberté, j’ai tout souffert sans me plaindre. Mais aujourd’hui que je vois la royauté détruite, les propriétés violées, la sûreté des personnes compromise, l’anarchie complète dans toutes les parties de l’empire, je crois devoir compte à mes sujets des motifs de ma conduite. Au