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fidence entière du complot. On lui avait dit seulement qu’un trésor devait passer et qu’il aurait à l’escorter. Aucun courrier ne précédait la voiture du roi, aucun cavalier n’était venu de Sainte-Menehould le prévenir de rassembler sa troupe ; M. de Goguelat, qui devait se trouver à Varennes avant l’arrivée du roi et communiquer à cet officier les derniers ordres secrets de sa mission, n’y était pas. L’officier était livré à lui-même et à ses propres incertitudes. Deux autres officiers, sans troupes, mis par M. de Bouillé dans la confidence complète du voyage, avaient été envoyés par ce général à Varennes, mais ils étaient restés dans la ville basse et dans la même auberge où les chevaux de M. de Choiseul, destinés aux voitures du roi, étaient logés ; ils ignoraient ce qui se passait dans l’autre partie de la ville ; ils attendaient, conformément à leurs ordres, l’apparition de M. de Goguelat ; ils ne sont réveillés que par le bruit du tocsin.

Cependant M. de Choiseul et M. de Goguelat, suivis de leurs hussards, galopaient vers Varennes ; le comte Charles de Damas et ses trois dragons fidèles, échappés avec peine à l’insurrection des escadrons de Clermont, les y rejoignaient ; arrivés aux portes de la ville trois quarts d’heure après l’arrestation du roi, la garde nationale les reconnaît, les arrête, fait mettre pied à terre à leur faible détachement avant de leur laisser l’entrée libre. Ils demandent à parler au roi. On le permet. Le roi leur défend de tenter la violence. Il attend, de minute en minute, les forces supérieures de M. de Bouillé. M. de Goguelat néanmoins sort de la maison, il voit les hussards mêlés à la foule qui couvre la place, il veut faire l’épreuve de leur fidélité : « Hussards ! leur crie-t-il imprudemment, êtes-vous pour la nation ou