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Écoute ! sur ma foi je te le jure,
Si je tourne vers toi la bride de ma cavale,
Sept fois je veux te fouler aux pieds,
Sept fois deci, sept fois delà…
Et ensuite je te trancherai la tête. »

Et le fils de roi, Marko, lui répondit :
« Ne le tente point, ô More farouche !
Car, si Dieu et la fortune des héros le permettent,
Non-seulement tu ne me fouleras point,
Mais tu ne pourras pas seulement m’atteindre. »

Voyez comme il écume de rage, le More !
Il tourne la bride de sa cavale arabe,
Il lui déchire les flancs à coups d’éperons,
Il veut écraser sous ses pieds le héros ;
Mais c’est ce que ne souffre point le destrier Scharatz.
Il se dresse sur ses deux pieds de derrière,
Et avec ceux de devant il attaque la cavale,
Et, la saisissant violemment avec les dents,
Il lui arrache de la tête l’oreille droite,
De telle sorte qu’elle nage bientôt dans son sang.

Voyez quel terrible combat commence !
Comme héros et héros s’attaquent violemment,
Le fils de roi, Marko, et le sombre More !
Mais ni estoc ni taille ne peut abattre Marko,
Et d’aucun coup ne se laisse atteindre le More.