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Qui est un peu meilleur que l’autre.
Je veux aller au-devant du cher beau-frère ! »

Stojan s’élança sur le bon coursier ;
Sur le petit noir monta la jeune fille ;
Elle fuit en hâte, la vierge, vers Kotari ;
Jankowitsch s’avance à la rencontre du beg.

Qui l’eût pu voir eût frémi d’épouvante
À la vue de cette merveille,
Comme, sur un seul les trente s’élançant,
Aucun ne dut revoir sa demeure !
Trente têtes furent séparées des troncs ;
Stojan saisit le beg de Lika,
Lui lia les mains derrière le dos,
Et, le chassant ainsi vers sa sœur,
Il tira son sabre tranchant, affilé :
« Hajkuna, ô sœur de Mustaj-Beg,
Vois comme nous gratifions le beau-frère !…

Et il balançait déjà le sabre damasquiné,
Quand la vierge étendit ses bras suppliants :
« Ne le fais point ! au nom de ton héroïque valeur,
Ne laisse point une sœur sans son frère, Stojan !
Tu aurais bientôt à regretter la sœur !…
Renvoie-le à Udbinja ! »

Stojan laissa retomber son sabre.