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IV


 
D’une bande de feu l’horizon se colore,
L’obscurité renvoie un reflet à l’aurore ;
Sous cette pourpre d’air, qui pleut du firmament,
Le sable s’illumine en mer de diamant.

Hâtons-nous !… replions, après ce léger somme,
La tente d’une nuit semblable aux jours de l’homme,
Et, sur cet océan qui recouvre les pas,
Recommençons la route où l’on n’arrive pas !

Eh ! ne vaut-elle pas celles où l’on arrive ?
Car, en quelque climat que l’homme marche ou vive,
Au but de ses désirs, pensé, voulu, rêvé,
Depuis qu’on est parti qui donc est arrivé ?…

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Sans doute le désert, comme toute la terre,
Est rude aux pieds meurtris du marcheur solitaire,
Qui plante au jour le jour la tente de Jacob,
Ou qui creuse en son cœur les abîmes de Job !