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ties de leur action impie ; qu’il a privé bien des hommes de leurs propriétés, et qu’il en a plongé un grand nombre dans le puits du désespoir et du regret. Attendez donc l’heure fatale de la mort, le jour de la dissolution ; car il est là. Alors vous serez déchirés par les aigles menaçantes de la destruction, et vous serez enfermés dans les réduits ténébreux du tombeau. Faites donc en sorte que quand vos corps seront inanimés, on ne conserve, en pensant à vous, que le souvenir de vos vertus. »

Les scheiks parlèrent longtemps, et jusqu’à ce que la flamme des passions qui s’était allumée dans l’âme des héros fût éteinte. Hadifah se retira du combat, et il fut convenu que Cais payerait le prix du sang d’Abou-Firacah avec une grande quantité de troupeaux et une file de chameaux. Les scheiks ne voulurent pas même quitter le champ de bataille avant que Cais et Hadifah se fussent embrassés, et eussent consenti à tous les arrangements.

Antar rugissait de fureur : « Ô roi Cais, que faites-vous là ? s’écria-t-il. Quoi ! nos épées nues brillent dans nos mains, et la tribu de Fazarah exigera de nous le prix du sang de son mort ! Et nos prisonniers, nous ne pourrons les racheter qu’avec la pointe de nos lances ! Le sang de notre mort aura été versé, et nous ne le vengerons pas ? » Hadifah était hors de lui en entendant ces paroles. « Et toi, vil bâtard, lui dit Antar en l’apostrophant, toi, fils d’une vile mère, est-ce qu’il y a quelque chose qui puisse t’honorer, et nous, nous flétrir ? Si ce n’était la présence de ces nobles scheiks, je t’anéantirais, toi et ton monde, sur-le-champ. » Alors l’indignation et la colère de Hadifah furent portées à