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la mort de son esclave Valek. Pour Cais, il était aussi rempli d’une colère sourde et d’une haine enracinée. Cependant Antar cherchait à le remettre : « Ô roi, lui disait-il, n’abandonnez pas votre cœur au chagrin ; car, j’en jure par la tombe du roi Zohéir votre père, je ferai tomber la disgrâce et l’infamie sur Hadifah, et ce n’est que par égard pour vous que je l’ai ménagé jusqu’à ce moment. » Bientôt chacun alla retrouver ses tentes.

Dès le matin suivant, Chaiboud tua vingt des chameaux qu’il avait gagnés la veille, et en fit la distribution aux veuves et aux blessés. Il en égorgea vingt autres avec lesquels il donna des festins à la tribu d’Abs, y compris les esclaves hommes et femmes. Enfin, le jour d’après il tua le reste des chameaux, et donna un grand repas près du lac de Zatalirsad, auquel il invita les fils du roi Zohéir et ses plus nobles chefs. À la fin de cette fête, et lorsque le vin circula parmi les assistants, tous louèrent la conduite de Chaiboud.

Mais la nouvelle des chameaux égorgés et de toutes ces fêtes fut bientôt sue de la tribu de Fazarah. Tous les insensés de cette tribu s’empressèrent d’aller trouver Hadifah. « Hé quoi ! dirent-ils, c’est nous qui avons été les premiers à la course, et les esclaves de ces traîtres d’Absiens ont mangé nos chameaux ! Envoyez quelqu’un vers Cais, et demandez ce qui vous est dû. S’il envoie les chameaux, c’est bien ; mais s’il les refuse, suscitons une guerre terrible aux Absiens. » Hadifah leva les yeux sur son fils Abou-Firacah : « Monte à cheval sur-le-champ, lui dit-il, et va dire à Cais : Mon père dit que vous devez lui payer à l’instant la ga-