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cerai pas à ce défi, à moins que l’on ne me remette les chameaux et les chamelles. Lorsque cette condition sera remplie, le reste me sera parfaitement indifférent. Cependant, si vous le voulez, je m’en emparerai de force, ou, si cela vous fait plaisir, j’y renoncerai, mais à titre de grâce. » Malgré tout ce que Cais put dire et redire, Hadifah resta inébranlable dans sa proposition ; et comme le frère de celui-ci se mit à rire en regardant Cais, Cais devint furieux, et, le visage rouge de colère, il demanda à Hadifah : « Qu’avez-vous parié avec mon cousin ? — Vingt chamelles, dit Hadifah. — Pour cette première gageure, continua Cais, je l’annule, et je vous en proposerai une autre : je parie trente chamelles. — Quarante, reprit Hadifah. — Cinquante, dit Cais. — Soixante, dit Hadifah ; » et ils continuèrent ainsi, en élevant toujours le nombre des chamelles jusqu’à cent. Le contrat fut passé entre les mains d’un homme nommé Sabic, fils de Wahhab, et en présence d’une foule de vieillards et de jeunes gens rassemblés autour d’eux. « Quel sera l’espace à parcourir ? fit observer Hadifah à Cais. — Cent portées de trait, répondit Cais ; et nous avons un archer, Ayas, fils de Mansour, qui mesurera le terrain. » Ayas était en effet le plus vigoureux, le plus habile et le plus célèbre archer qu’il y eût alors parmi les Arabes. Le roi Cais, par le fait, désirait que la course fût longue, à cause de la force qu’il connaissait à son cheval ; car plus Dahis avait une longue distance à parcourir, plus il gagnait de vivacité dans ses mouvements par l’accroissement de son ardeur. — « Eh bien, déterminez maintenant, dit Cais à Hadifah, quand la course aura lieu. — Quarante jours sont nécessaires, répondit Hadifah, à ce que je pense, pour dresser les chevaux. — C’est bien, » dit Cais ; et tout