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lement cinquante cavaliers, je me serais rendu maître de tous les troupeaux des trois tribus, qui n’étaient défendus par personne. Mais, puisque je vous trouve ici, nous irons nous en emparer. Il ne sera pas dit que le roi se soit mis inutilement en campagne. Il faut qu’il se repose ici un jour ou deux, pendant que nous irons dépouiller ces tribus. »

Zohéir ayant approuvé ce projet, fit dresser les tentes à l’endroit même, recommandant sur toutes choses, aux guerriers qui faisaient partie de l’expédition, de respecter les femmes. Ils restèrent absents trois jours, pendant lesquels ils firent, presque sans combat, un butin si considérable, que le roi en fut tout émerveillé.

Le lendemain, l’ordre du départ ayant été donné, l’armée reprit le chemin de la tribu à la satisfaction de tous, si ce n’est de Djida, qui, entourée de plusieurs cavaliers, faisait la route, montée sur un chameau que conduisait un nègre. À trois journées de marche de la tribu, ils campèrent dans une vaste plaine. Antar la trouvant heureusement disposée pour livrer bataille, le roi lui fit observer qu’elle était également propice à la chasse. — « Mais, répondit Antar, je n’aime que la guerre, et je souffre quand je reste longtemps sans combattre. » — Quelques heures après, on aperçut une poussière épaisse qui semblait se diriger vers le camp. Bientôt on vit briller des fers de lance, puis on entendit des pleurs et des cris de souffrance. Zohéir, pensant que c’était l’armée de Kaled qui avait été attaquer la tribu de Beni-Amar, et qui revenait avec ses prisonniers, dit à Antar de se préparer au combat. — « Soyez sans inquiétude, répon-