Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nouvelle, dit à son frère qu’il espérait faire Djida prisonnière le soir même ; que, quant à lui, sa tâche serait d’arrêter ses compagnons au passage, afin qu’aucun d’eux ne pût aller avertir la tribu, qui se mettrait alors à leur poursuite. — « Si vous en laissez échapper un seul, ajouta-t-il, je vous coupe la main droite. — Je ferai tout ce que vous exigerez, répondit Chaiboud, puisque je suis ici pour vous aider. » — Ils restèrent cachés toute la journée, et se rapprochèrent de la tribu après le coucher du soleil. Bientôt ils virent venir à eux plusieurs cavaliers. Djida était à leur tête, et chantait les vers suivants :

« La poussière des chevaux est bien épaisse ; la guerre est mon état.

» La chasse aux lions est une gloire et un triomphe pour les autres guerriers, mais rien pour moi.

» Les astres savent que ma bravoure a effacé celle de mes pères.

» Qui ose m’approcher quand je parcours de nuit les montagnes et la plaine ?

» Plus que personne j’ai acquis de la gloire en terrassant les plus redoutables guerriers. »

Ayant entendu ces vers, Antar dit à son frère de prendre sur la gauche ; et lui-même, se jetant vers la droite, poussa son cri de guerre d’une voix tellement forte, qu’il jeta la terreur parmi les vingt cavaliers de la suite de Djida. An-