Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les Bédouins de la Syrie, où il ne lui restait plus un seul ennemi. Saher alla à Homs solliciter la délivrance de Fares, qu’il ramena vêtu d’une pelisse d’honneur, prendre part aux réjouissances générales ; après quoi les tribus se dispersèrent, et occupèrent tout le pays depuis le Horan jusqu’à Alep.

Nous n’attendions plus que la fin de l’été pour repartir pour le levant, afin de terminer les affaires que nous avions commencées, l’année précédente, avec les tribus de Bagdad et de Bassora. Ce temps de calme et de loisir fut rempli par les préparatifs d’un mariage entre Giarah, fils de Fares, chef de la tribu El-Harba, et Sabha, fille de Bargiass, la plus belle fille du désert. J’y prenais un intérêt tout particulier, ayant connu la fiancée pendant mon séjour auprès de sa mère. Fares pria le drayhy de l’accompagner chez Bargiass, pour faire la demande de mariage. Les principaux de la tribu, dans leurs plus riches habits, les accompagnèrent. Nous arrivâmes à la tente de Bargiass sans que personne vînt au-devant de nous ; Bargiass ne se leva pas même pour nous recevoir. Tel est l’usage dans cette circonstance ; le moindre empressement serait considéré comme une inconvenance.

Après quelques moments, le drayhy, prenant la parole : « Pourquoi, dit-il, nous faites-vous si mauvais accueil ? Si vous ne voulez pas nous donner à manger, nous retournerons chez nous. » Pendant ce temps, Sabha, retirée dans la partie de la tente réservée aux femmes, regardait son prétendu à travers l’ouverture de la toile. Avant d’entamer la négociation, il faut que la jeune fille ait fait signe qu’elle