Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rait le chef des Bédouins du pays où nous étions, comme le drayhy l’était de ceux de Syrie et de Mésopotamie ; et il s’engagea à réunir sous ses ordres les diverses tribus d’ici à l’année prochaine, pendant que nous poursuivrions notre route, et promit qu’à notre retour tout serait aplani. Nous nous séparâmes, enchantés les uns des autres, après avoir comblé son fils de présents et libéré les autres prisonniers. De son côté, il nous renvoya nos quarante cavaliers. Le lendemain, Saker nous écrivit que Mohdi et Douockhry ne s’opposaient plus à nos projets, et qu’ils partaient pour aller conférer avec Bargiass, à trois heures de là. Effectivement ils levèrent le camp, et nous en fîmes autant ; car la réunion d’un si grand nombre d’hommes et de troupeaux avait couvert la terre d’immondices, et rendu notre séjour en ce lieu intolérable.

Nous allâmes camper à six heures de distance, à Maytal-el-Ebbed, sur le Chatt-el-Arab, où nous restâmes huit jours. Saker vint nous y trouver, et il fut convenu qu’il se chargerait à lui seul de réunir les Bédouins de ces contrées, pendant que nous retournerions en Syrie, de peur qu’en abandonnant trop longtemps notre première conquête, nos ennemis ne missent à profit notre absence pour embrouiller nos affaires et détacher des tribus de notre alliance.

D’ailleurs, le printemps était déjà avancé, et nous devions nous hâter d’arriver, de peur que les pâturages de la Syrie et de la Mésopotamie ne fussent occupés par d’autres. Nous remîmes donc à l’année suivante le projet de pousser notre reconnaissance jusqu’aux frontières de l’Inde. Pour cette époque, Saker aurait eu le temps de préparer les