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fique souper, après lequel il mit son cachet au bas de notre traité.

L’ennemi était encore à une journée de distance. Nos chevaux et nos gens ayant grand besoin de repos, le drayhy ordonna une halte de deux jours ; mais les assaillants ne nous accordèrent pas cette trêve désirée. Dès que le bruit de notre approche leur parvint, ils se mirent en marche, et le lendemain trente mille hommes étaient campés à une heure de nous. Le drayhy fit aussitôt avancer son armée jusqu’aux bords du fleuve, dans la crainte qu’on ne voulût nous intercepter l’eau ; et nous prîmes position près du village El-Hutta.

Le lendemain, le drayhy envoya une lettre de conciliation aux chefs des cinq tribus qui venaient nous attaquer[1] ; mais cette tentative n’eut aucun succès : la réponse fut une déclaration de guerre, dont le style nous prouva clairement que nos intentions avaient été calomniées, et que ces chefs agissaient d’après une impulsion étrangère.

Scheik-Ibrahim proposa de m’envoyer auprès d’eux avec des cadeaux, pour tâcher d’en venir à des éclaircissements. Mes ambassades avaient si bien réussi jusqu’alors que j’acceptai avec plaisir, et je partis avec un seul guide. Mais à peine arrivés devant la tente de Mohdi, qui se trouvait la première, l’avant-garde des Bédouins se jeta sur nous comme des bêtes féroces, nous dépouilla de nos cadeaux et

  1. Les tribus El-Fedhay, chef Douockhry ; El-Modiann, chef Saker-Ebn-Hamed ; El-Sabha, chef Mohdi-Ebn-Hüd ; Mouayegé, chef Bargiass ; Mehayedé, chef Amer-Ehn-Noggiès.