Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je venais de faire en parcourant le même pays, dans mes haillons, sur mes pieds ensanglantés.

Le quatrième jour, l’émir Zahed vint au-devant de nous avec mille cavaliers. On se livra à toutes sortes de jeux, à cheval et avec la lance. Le soir, le drayhy, ses fils et moi, nous allâmes souper dans la tribu de Zahed. Le lendemain, nous traversâmes le fleuve, et campâmes sur le territoire de Damas ; marchant toujours au couchant, nous campâmes à El-Jaffet, dans le pachalik d’Alep. Le bruit de l’arrivée du drayhy se répandit promptement, et il reçut de Mehanna une lettre commençant par leurs titres respectifs, et continuant ainsi : « Au nom du Dieu très-miséricordieux, salut. Nous avons appris avec surprise que vous avez passé l’Euphrate, et que vous vous avancez dans les provinces que nous ont laissées nos aïeux. Avez-vous donc pensé que vous pouviez à vous seul dévorer la pâture de tous les oiseaux ? Sachez que nous avons tant de guerriers, que nous ne pouvons en connaître le nombre. De plus, nous serons soutenus par les vaillants Osmanlis, auxquels rien ne peut résister. Nous vous conseillons donc de reprendre le chemin par lequel vous êtes venu ; autrement, tous les malheurs imaginables fondront sur vous, et le repentir viendra trop tard. »

À la lecture de cette lettre, je vis le drayhy pâlir de colère ; ses yeux lançaient des éclairs. Après un moment de silence : « Kratib, s’écria-t-il d’une voix terrible, prenez la plume et écrivez à ce chien ! »

Voici sa réponse : — « J’ai lu vos menaces, qui ne pèsent