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Scheik-Ibrahim, instruit par moi de tout ce que m’avait confié la femme de l’émir Nasser, me dit qu’il en éprouvait la plus vive contrariété. « Je cherchais, ajouta-t-il, à me lier avec une tribu ennemie des Osmanlis, et je me trouve près d’un chef allié à eux. »

Je n’osai pas demander le sens de ces paroles, mais elles me donnèrent beaucoup à penser.

Vers le coucher du soleil, trois cents cavaliers se réunirent hors des tentes, et partirent de grand matin, ayant à leur tête Nasser, Hamed et Zamel. Trois jours après, un messager vint annoncer leur retour. À cette nouvelle, un grand nombre d’hommes et de femmes furent au-devant d’eux ; et lorsqu’ils les eurent rejoints, ils poussèrent de part et d’autre de grands cris de joie, et firent ainsi leur entrée triomphale au camp, précédés de cent quatre-vingts chameaux pris à l’ennemi ; aussitôt qu’ils eurent mis pied à terre, nous les priâmes de nous raconter leurs exploits.

« Le lendemain de notre départ, nous dit Nasser, étant parvenus, vers midi, à l’endroit où les bergers mènent paître les troupeaux de Daffir, nous nous sommes jeté sur eux, et leur avons enlevé cent quatre-vingts chameaux ; cependant les bergers, s’étant enfuis, ont donné l’alarme à leur tribu. J’ai détaché alors une partie de ma troupe pour conduire notre butin au camp par un autre chemin. Aruad-Ebd-Motlac[1] étant venu nous attaquer avec trois cents cavaliers, le combat a duré deux heures, et la nuit seule

  1. Chef de la tribu El-Daffir.