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nue, ainsi que l’endroit où il se perd. On voit couler l’eau à travers des ouvertures d’environ cinq pieds, formant des espèces de bassins. Il est inutile de dire avec quel bonheur nous nous désaltérâmes ; l’eau nous parut excellente.

À l’entrée d’un passage formé par la jonction de deux montagnes, nous aperçûmes enfin la célèbre Palmyre. Ce défilé forme pendant un quart d’heure une avenue à la ville ; le long de la montagne, du côté du midi, règne, pendant près de trois heures, un rempart très-ancien. En face, sur la gauche, on aperçoit un vieux château appelé Co Lat Ebn Maâen, bâti par les Turcs avant l’invention de la poudre. Cet Ebn Maâen, gouverneur de Damas du temps des califes, avait élevé ce château pour empêcher les Persans de pénétrer en Syrie. Nous arrivâmes ensuite à une vaste place appelée Waldi-el-Cabour (vallon des tombeaux). Les sépulcres qui la couvrent apparaissent de loin comme des tours. En approchant, nous vîmes qu’on y avait pratiqué des niches pour y déposer les morts. Chaque niche est fermée par une pierre sur laquelle est gravé le portrait de celui qui l’occupe. Les tours ont trois et quatre étages, communiquant entre eux par un escalier en pierre, généralement très-bien conservé. De là nous entrâmes dans une vaste enceinte habitée par les Arabes, qui l’appellent le Château. Elle renferme en effet les ruines du temple du Soleil. Deux cents familles logent dans ces ruines.

Nous nous rendîmes immédiatement chez le scheik Ragial-el-Orouk, vieillard vénérable, qui nous reçut fort bien, et nous fit souper et coucher chez lui. Ce scheik, comme