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armes étaient également remarquables par les ciselures et les incrustations d’argent dont elles étaient ornées. Les femmes n’étaient ni renfermées ni voilées ; elles étaient même à demi nues, surtout les jeunes filles de dix à quinze ans. Tout leur vêtement consistait en un pantalon à larges plis, qui laissait les jambes et les pieds nus ; elles avaient toutes des bracelets d’argent au-dessus de la cheville du pied. Le haut du corps était couvert d’une chemise d’étoffe de coton ou de soie, serrée par une ceinture et laissant la poitrine et le cou découverts. Leurs cheveux, généralement très-noirs, étaient nattés en longues tresses pendantes jusque sur les talons, et ornés de pièces de monnaie enfilées : elles avaient aussi les reins et la gorge cuirassés d’un réseau de piastres enfilées, et résonnant, à chaque pas qu’elles faisaient, comme les écailles d’un serpent. Ces femmes n’étaient ni grandes, ni blanches, ni modestes, ni gracieuses, comme les Arabes syriennes ; elles n’avaient pas non plus l’air féroce et craintif des Bédouines ; elles étaient en général petites, maigres, le teint hâlé par le soleil, mais gaies, vives, enjouées, lestes, dansant et chantant aux sons de leur musique, qui n’avait pas cessé un moment ses airs vifs et animés. Elles ne montraient aucun embarras de nos regards, aucune pudeur de leur presque nudité devant les hommes de la tribu : les hommes eux-mêmes ne paraissaient pas exercer d’autorité sur elles ; ils se contentaient de rire de leur curiosité indiscrète à notre égard, et les repoussaient avec douceur et en plaisantant. Quelques-unes des jeunes filles étaient extrêmement jolies et piquantes ; leurs yeux noirs étaient teints avec le henné sur le bord des paupières, ce qui donne beaucoup plus de vivacité au regard. Leurs jambes et leurs mains étaient également peintes d’une