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rable hospitalité de M. Mauridès, à parcourir les environs, et à recevoir et rendre les visites des Turcs, des Grecs et des Arméniens.

Philippopoli est une ville de trente mille âmes, à quatre journées d’Andrinople, à huit journées de Sophia, située au bord d’un fleuve, sur un monticule de rochers isolés au milieu d’une large et fertile vallée ; c’est un des plus beaux sites naturels de ville que l’on puisse se représenter ; la montagne forme une corne à deux sommets, tous les deux également couronnés de maisons et de jardins, et les rues descendent en serpentant circulairement, pour en adoucir les pentes, jusqu’aux rives du fleuve, qui circule lui-même au pied de la ville, et l’enveloppe d’un fossé d’eau courante : l’aspect des ponts, des jardins, des maisons, des grands arbres qui s’élèvent des rives du fleuve, de la plaine boisée qui sépare le fleuve des montagnes de la Macédoine, de ces montagnes elles-mêmes, dont les flancs sont coupés de torrents dont on voit blanchir l’écume, et semés de villages ou de grands monastères grecs, fait du jardin de M. Mauridès un des plus admirables points de vue du monde ; la ville est peuplée par moitié de Grecs, d’Arméniens et de Turcs. Les Grecs sont en général instruits et commerçants ; les principaux d’entre eux font élever leurs enfants en Hongrie ; l’oppression des Turcs ne leur semble que plus pesante ensuite ; ils soupirent après l’indépendance de leurs frères de la Morée. J’ai connu là trois jeunes Grecs charmants, et dignes, par leurs sentiments et leur énergie d’esprit, d’un autre sort et d’une autre patrie.

Quitté Philippopoli, et arrivé en deux jours à une jolie