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quées, mais plus élevé et plus vaste. Nos arts n’ont rien produit de plus hardi, de plus original et de plus d’effet que ce monument et son minaret, colonne percée à jour, de plus de cent pieds de tronc.

Reparti d’Andrinople pour Philippopoli ; la route traverse des défilés et des bassins boisés et riants, quoique déserts, entre les hautes chaînes des montagnes du Rhodope et de l’Hémus. Trois jours de marche. Beaux villages. Le soir, à trois lieues de Philippopoli, j’aperçois dans la plaine une nuée de cavaliers turcs, arméniens et grecs, qui accourent sur nous au galop. Un beau jeune homme, monté sur un cheval superbe, arrive le premier, et touche mon habit du doigt ; il se range ensuite à côté de moi ; il parle italien, et m’explique qu’ayant été le premier qui m’ait touché, je dois accepter sa maison, quelles que soient les instances des autres cavaliers pour me conduire ailleurs. Le kiaia du gouverneur de Philippopoli arrive ensuite, me complimente au nom de son maître, et me dit que le gouverneur m’a fait préparer une maison vaste et commode et un souper, et qu’il veut me retenir quelques jours dans la ville ; mais je persiste à accepter la maison du jeune Grec, M. Mauridès.

Nous entrons dans Philippopoli au nombre de soixante ou quatre-vingts cavaliers ; la foule est aux fenêtres et dans les rues pour voir ce cortége ; nous sommes reçus par la sœur et les tantes de M. Mauridès : — maison vaste et élégante ; — beau divan percé de vingt-quatre fenêtres et meublé à l’européenne, où le gouverneur et le chef des différentes nations de la ville viennent nous complimenter et prendre le café. Trois jours passés à Philippopoli, à jouir de l’admi-