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Arrivé à Buyukdéré, je pris possession de la charmante maison sur le quai, où M. Truqui avait bien voulu m’offrir sa double hospitalité ; nous y passerons l’été.




Même date.


Il semble, après la description de cette côte du Bosphore, que la nature ne pourra se surpasser elle-même, et qu’aucun paysage ne peut l’emporter sur celui dont mes yeux sont pleins. Je viens de longer la côte d’Asie en rentrant ce soir à Constantinople, et je la trouve mille fois plus belle encore que la côte d’Europe. La côte d’Asie ne doit presque rien à l’homme, la nature y a tout fait. Il n’y a plus là ni Buyukdéré, ni Thérapia, ni palais d’ambassadeurs, ni ville d’Arméniens ou de Francs ; il n’y a que des montagnes, des gorges qui les séparent, des petits vallons tapissés de prairies qui se creusent entre les racines de rochers, des ruisseaux qui y serpentent, des torrents qui les blanchissent de leur écume, des forêts qui se suspendent à leurs flancs, qui glissent dans leurs ravines, qui descendent jusqu’aux bords des golfes nombreux de la côte ; une variété de formes, et de teintes, et de feuillage, et de verdure, que le pinceau du peintre de paysage ne pourrait même inventer ; quelques maisons isolées de matelots ou de jardiniers turcs, répandues de loin en loin sur la grève, ou jetées sur la plate-