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mosquée ; ils s’élancent au-dessus de leurs dômes ; de petites galeries circulaires, avec un parapet de pierre sculptée à jour comme de la dentelle, environnent à diverses hauteurs le fût léger du minaret : là se place, aux différentes heures du jour, le muezzin qui crie l’heure, et appelle la ville à la pensée constante du mahométan, la pensée de Dieu. Un portique à jour sur les jardins et les cours, et élevé de quelques marches, conduit à la porte du temple. Le temple est un parvis carré ou rond, surmonté d’une coupole portée par d’élégants piliers ou de belles colonnes cannelées. Une chaire est adossée à un des piliers. La frise est formée par des versets du Coran, écrits en caractères ornés sur le mur. Les murs sont peints en arabesques. Des fils de fer traversent la mosquée d’un pilier à l’autre, et portent une multitude de lampes, des œufs d’autruche suspendus, des bouquets d’épis ou de fleurs. Des nattes de jonc et de riches tapis couvrent les dalles du parvis. L’effet est simple et grandiose. Ce n’est point un temple où habite un Dieu ; c’est une maison de prière et de contemplation, où les hommes se rassemblent pour adorer le Dieu unique et universel. Ce qu’on appelle culte n’existe pas dans la religion. Les rites sont simples : une fête annuelle, des ablutions et la prière aux cinq divisions du jour, la croyance en un Dieu créateur et rémunérateur, voilà tout. Le corps sacerdotal ne s’est formé que plus tard. Toutes les fois que je suis entré dans les mosquées, ce jour-là ou d’autres jours, j’y ai trouvé un petit nombre de Turcs accroupis ou couchés sur les tapis, et priant avec tous les signes extérieurs de la ferveur et de la complète absorption d’esprit.

Dans la cour de la mosquée de Bajazet, je vois le tom-