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alors, et vint accoster M. de Parseval. Après nous avoir fait beaucoup de politesses et nous avoir offert le café, il me demanda une audience particulière. Je fis retirer mes gens à quatre pas, et, par l’entremise de mon interprète, j’appris qu’un de ses frères était prisonnier des Égyptiens, et que, croyant à M. de Lamartine une immense influence dans les conseils d’Ibrahim-Pacha, il me priait de solliciter son intervention en sa faveur, afin de lui faire rendre la liberté. Nous étions bien loin assurément d’avoir le crédit qu’il nous supposait ; mais le hasard a voulu que je fusse à même de lui rendre service en faisant plaider sa cause auprès du commandant de l’armée égyptienne.

» En arrivant près de Jérusalem, la vue des murailles était interceptée par un grand campement de troupes d’Ibrahim-Pacha. Les sentinelles s’avancent, nous examinent, parlent à notre drogman, et nous ouvrent le passage à travers le camp. Nous nous trouvons bientôt en face de la tente du général. Les rideaux relevés nous le découvrent lui-même, étendu sur un divan de cachemire, entouré de ses officiers, les uns debout, les autres assis sur des tapis de Perse ; leurs vêtements de couleurs tranchantes, garnis de belles fourrures et brodés d’or, leurs armes étincelantes, les esclaves noirs qui leur présentaient le café dans les finjeans d’argent, formaient pour nous une scène brillante et nouvelle. Autour des tentes, des saïs promenaient en laisse les plus beaux étalons arabes, pour laisser sécher l’écume sur leur poil luisant ; d’autres, fixés par des entraves, hennissaient d’impatience, frappaient la terre, et lançaient des regards de feu sur un peloton de cavalerie prêt à partir. Les troupes égyptiennes, formées de jeunes conscrits mes-