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dans leur pensée, un collier de pièces d’or pour leur mariage ; l’une d’elles, Anastasie, est la plus belle des femmes que j’aie vues en Orient.

La mer est comme un miroir ; les chaloupes, chargées de nos amis, qui viennent nous accompagner jusqu’à bord, suivent la nôtre ; nous mettons à la voile par un léger vent d’est ; les côtes de Syrie, bordées de leurs franges de sable, disparaissent avec les têtes de palmiers ; les cimes blanches du Liban nous suivent longtemps sur la mer ; nous doublons, pendant la nuit, le cap Carmel ; au point du jour, nous sommes à la hauteur de Saint-Jean d’Acre, en face du golfe de Kaïpha ; la mer est belle, et les vagues sont sillonnées par une foule de dauphins qui bondissent autour du navire ; tout a une apparence de fête et de joie dans la nature et sur les flots, autour de ce navire qui porte des cœurs morts à toute joie et à toute sérénité. J’ai passé la nuit sur le pont, dans quelles pensées ? mon cœur le sait !

Nous longeons les côtes abaissées de la Galilée ; Jaffa brille comme un rocher de craie à l’horizon, sur une grève de sable blanc ; nous nous y dirigeons ; nous y relâchons quelques jours ; ma femme, et ceux de mes amis qui n’ont pu m’accompagner dans mon voyage à Jérusalem, ne veulent pas passer si près du tombeau sacré sans aller y porter quelques gémissements de plus. Le soir, le vent fraîchit, et nous jetons l’ancre à sept heures dans la rade orageuse de Jaffa ; la mer est trop forte pour mettre un canot dehors ; le lendemain, nous débarquons tous. Une caravane est préparée par les soins de MM. Damiani, mes anciens amis, agents de France à Jaffa ; elle se met en marche à onze