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fois un pied et demi de longueur, qu’elles fixent sur leurs cheveux tressés, et qui s’élève au-dessus du front un peu obliquement. Cette corne, sculptée et ciselée, est recouverte par l’extrémité d’un voile de mousseline qu’elles y suspendent, et dont elles se couvrent quelquefois le visage ; elles ne quittent jamais cette corne, même pour dormir. Ce bizarre usage, dont on ne peut chercher l’origine que dans les aberrations de l’esprit humain, les défigure, et alourdit tous les mouvements de la tête et du cou.




9 avril.


Partis de Hamana, par une matinée voilée de brouillards, à cinq heures du matin. Marché deux heures sur des pentes escarpées et nues des hautes arêtes du Liban descendant vers les plaines de Syrie. La vallée, que nous laissons à droite, se creuse et s’élargit de plus en plus sous nos pieds. Elle peut avoir là environ deux lieues de largeur et une lieue au moins de profondeur. Les vagues transparentes des vapeurs du matin se promènent mollement comme des lames de mer sur son horizon, et ne laissent passer au-dessus d’elles que les hautes cimes de mamelons, les têtes de cyprès, et quelques tours de villages et de monastères maronites ; mais bientôt la brise de mer, qui se lève et monte insensiblement avec le soleil, déroule lentement toutes ces