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sont le chef-d’œuvre de la création, l’idéal de la grâce et de la volupté des yeux. Les femmes grecques de la Morée ont des formes pures, mais dures, et des yeux dont le feu, âpre et sombre, n’est pas assez tempéré par la douce mollesse de l’âme et la sensibilité du cœur : les yeux des unes sont un charbon ardent ; les yeux des femmes de l’Asie sont une flamme voilée de vapeurs humides.




Même date.


Le pauvre évêque grec de Zarklé est d’une famille d’Alep, où il a passé sa vie dans l’élégance et la mollesse des mœurs de cette ville, l’Athènes de l’Asie : il se trouve comme exilé dans cette ville, sans société et sans ressources morales. Ses manières ont conservé la dignité des manières exquises des Aleppins ; mais, dans l’extrême dénûment où il est, il ne peut nous offrir que son humble gîte. Nous parlons italien avec lui. Je lui fais en partant une aumône de cinq cents piastres pour ses pauvres ou pour lui-même ; car il semblait dans un état voisin de la misère. Quelques livres arabes et grecs, jetés confusément dans sa chambre, et un vieux coffre contenant ses magnifiques pelisses et ses vêtements épiscopaux, étaient toute sa richesse.

Je pris des guides à Zarklé pour franchir le Liban, par