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duisant aux étages supérieurs, où sont les chambres des négociants. Chaque négociant considérable loue une de ces chambres, et y tient ses marchandises précieuses et ses livres. Des gardiens veillent jour et nuit à la sûreté du kan ; de grandes écuries sont à côté, pour les chevaux des voyageurs et des caravanes ; de belles fontaines jaillissantes rafraîchissent le kan : c’est une espèce de bourse du commerce de Damas. La porte du kan d’Hassad-Pacha, qui donne sur le bazar, est un des morceaux d’architecture moresque les plus riches de détails et les plus grandioses d’effet que l’on puisse voir au monde. L’architecture arabe s’y retrouve tout entière. Cependant ce kan n’est bâti que depuis quarante ans. Un peuple dont les architectes sont capables de dessiner et les ouvriers d’exécuter un monument pareil au kan d’Hassad-Pacha n’est pas mort pour les arts. Ces kans sont bâtis, en général, par de riches pachas, qui les laissent à leur famille ou à la ville qu’ils ont voulu enrichir. Ils rapportent de gros revenus.

Un peu plus loin, j’ai vu, d’une porte qui donne sur le bazar, la grande cour ou le parvis de la principale mosquée de Damas. Ce fut autrefois l’église consacrée à saint Jean Damascène. Le monument semble du temps du Saint-Sépulcre de Jérusalem : lourd, vaste, et de cette architecture byzantine qui imite le grec en le dégradant, et paraît construite avec des débris. Les grandes portes de la mosquée étaient fermées de lourds rideaux ; je n’ai pas pu voir l’intérieur. Il y a péril de mort pour un chrétien qui profanerait les mosquées en y entrant. Nous nous sommes arrêtés un moment seulement dans le parvis, en feignant de nous désaltérer à la fontaine.