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et en même temps si colorée de teintes vivantes, que les teintes les plus délicates de la feuille de rose ne peuvent en rendre la pâle fraîcheur ; les dents, le sourire, le naturel moelleux des formes et des mouvements, le timbre clair, sonore, argentin de la voix, tout est en harmonie dans ces admirables apparitions. Elles causent avec grâce et une modeste retenue, mais sans embarras, et comme accoutumées à l’admiration qu’elles inspirent ; elles paraissent conserver longtemps leur beauté dans ce climat qui conserve, et dans une vie d’intérieur et de loisir paisible, où les passions factices de la société n’usent ni l’âme ni le corps. Dans presque toutes les maisons où j’ai été admis, j’ai trouvé la mère aussi belle que ses filles, quoique les filles parussent avoir déjà quinze à seize ans ; elles se marient à douze ou treize ans. Les costumes de ces femmes sont les plus élégants et les plus nobles que nous ayons encore admirés en Orient : la tête nue et chargée de cheveux dont les tresses, mêlées de fleurs, font plusieurs tours sur le front, et retombent en longues nattes des deux côtés du cou et sur les épaules nues ; des festons de pièces d’or et des rangées de perles mêlées dans la chevelure ; une petite calotte d’or ciselé au sommet des cheveux ; le sein à peu près nu ; une petite veste à manches larges et ouvertes, d’une étoffe de soie brochée d’argent ou d’or ; un large pantalon blanc descendant à plis jusqu’à la cheville du pied ; le pied nu chaussé d’une pantoufle de maroquin jaune ; une longue robe de soie d’une couleur éclatante descendant des épaules, ouverte sur le sein et sur le devant du pantalon, et retenue seulement autour des hanches par une ceinture dont les bouts descendent jusqu’à terre. Je ne pouvais détacher mes yeux de ces ravissantes femmes ; nos visites et nos conversations se sont pro-