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le fleuve, s’éloignent, et s’arrondissent en croupes larges et boisées, frappées des rayons du soleil couchant ; c’est une première échappée sur la Mésopotamie : nous apercevons de plus en plus les larges vallées qui vont déboucher dans la grande plaine du désert de Damas à Bagdhad. La vallée où nous sommes circule mollement et s’élargit elle-même. À droite et à gauche du fleuve, nous commençons à apercevoir des traces de culture, nous entendons des mugissements lointains de troupeaux. Des vergers d’abricotiers, aussi grands que des noyers, bordent le chemin. Bientôt, à notre grande surprise, nous voyons des haies, comme en Europe, séparer les vergers et les jardins, semés de plantes potagères et d’arbres fruitiers en fleur. Des barrières ou des portes de bois ouvrent çà et là sur ces beaux vergers. Le chemin est large, uni, bien entretenu, comme aux environs d’une grande ville de France. Nul d’entre nous ne savait l’existence de cette oasis ravissante, au sein de ces montagnes inaccessibles de l’Anti-Liban. Nous approchons évidemment d’une ville ou d’un village, dont nous ignorons le nom. Un cavalier arabe, que nous rencontrons, dit que nous sommes aux environs d’un grand village, dont le nom est Zebdani : nous en voyons déjà la fumée qui s’élève entre les cimes des grands arbres dont la vallée est semée ; nous entrons dans les rues du village ; elles sont larges, droites, avec un trottoir de pierre de chaque côté. Les maisons qui les bordent sont grandes, et entourées de cours pleines de bestiaux, et de jardins parfaitement arrosés et cultivés. Les femmes et les enfants se présentent aux portes pour nous voir passer, et nous accueillent avec une physionomie ouverte et souriante. Nous nous informons s’il existe un caravansérai où nous puissions nous abriter pour une nuit ; on