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nous distinguâmes un chant nourri de plusieurs voix en chœur ; un chant monotone, mélancolique et tendre, qui montait, qui baissait, qui mourait, qui renaissait alternativement, et qui se répondait à lui-même : c’était la prière du soir que l’évêque arabe faisait avec son petit troupeau, dans l’enceinte éboulée de ce qui avait été son église, monceaux de ruines entassés récemment par une tribu d’Arabes idolâtres. Rien ne nous avait préparés à cette musique de l’âme, dont chaque note est un sentiment ou un soupir du cœur humain dans cette solitude, au fond des déserts, sortant ainsi des pierres muettes, accumulées par les tremblements de terre, par les barbares et par le temps. Nous fûmes frappés de saisissement, et nous accompagnâmes des élans de notre pensée, de notre prière et de toute notre poésie intérieure, les accents de cette poésie sainte, jusqu’à ce que les litanies chantées eussent accompli leur refrain monotone, et que les derniers soupirs de ces voix pieuses se fussent assoupis dans le silence accoutumé de ces vieux débris.




Même date.


Les temples nous ont fait oublier le djérid que le prince de Balbek voulait nous donner ; nous avons passé la matinée tout entière à les parcourir de nouveau. À quatre heures,